Impact des constructions sociales autour de la “Sexualité” sur le rapport aux soins de santé des personnes asexuelles : L’asexualité et sa place en santé / soins primaires
Objectif(s) de la recherche et intérêt pour la santé publique
Finalité de l'étude
Objectifs poursuivis
Domaines médicaux investigués
Bénéfices attendus
Les études sociologiques autour du genre, les mouvements féministes et les mouvements queers amènent peu à peu des avancées dans les domaines médicaux par le biais de recherches approfondies sur les groupes minoritaires en terme de genre, identité de genre et orientation sexuelle. De cette manière, ces nombreux aspects entrent en considération dans la prise en charge de la santé des individus (1-3). C’est par exemple le cas de la santé sexuelle des personnes homosexuelles FSF (Femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes) ou HSH (Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) (3), ou encore de l’accompagnement médical des personnes transgenres (4-6), qui font l’objet de recommandations et guides de bonnes pratiques en réponses aux besoins de santé spécifiques de ces groupes minoritaires.
Dans le sigle queer LGBTQIA+, la lettre A correspond aux spectres de l’asexualité et de l’aromantisme. L’asexualité est une orientation sexuelle. Selon les études, elle est partagée par 1 à 3.5% de la population générale (7-9). Il n’existe à ce jour pas de définition consensuelle de l’asexualité tant les expériences des personnes asexuelles sont riches et variées. Cependant, de très nombreuses personnes s’identifiant comme asexuelles et chercheurs·euses du domaine s’accordent sur la proposition du forum d’AVEN (Asexualité Visibility and Education Network) (10) suivante : “le fait de ne pas ressentir d’attirance sexuel pour autrui”. Ce forum est créé en 2006 par David Jay, et une version francophone, AVEN-fr, voit le jour en mai 2005 (11).
L’asexualité a une place particulière dans le domaine médical, de par son histoire et son intégration dans les pratiques.
Initialement pathologisée, elle est inscrite en 1983 dans le DSMIII-R comme une “déficience ou une absence de fantaisies imaginatives de l’ordre sexuel ou de désir d’activité sexuel” (12), sous le terme de HSDD (Hypoactive sexual desire disorder) ou trouble de désir sexuel hypoactif. Estimée comme cachant fréquemment psychose ou état dépressif, l’asexualité est alors “traitée’’ car mal comprise ou acceptée du corps médical, à l’instar de l’homosexualité et de la transidentité subissant les thérapies de conversion.
C’est seulement en 2006 que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les termes pratiques liant la santé et la sexualité (6). Ainsi la santé sexuelle est définit comme étant “un état de bien-être physique, mental et social eu égard à la sexualité, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle s’entend comme une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles” (6). La définition de la sexualité étant « ... un aspect central de l'être humain tout au long de la vie, qui englobe le sexe, les identités de genre et les rôles y afférents, l'orientation sexuelle, l'érotisme, le plaisir, l'intimité et la reproduction. La sexualité est vécue et exprimée sous forme de pensées, de fantasmes, de désirs, de croyances, d'attitudes, de valeurs, de comportements, de pratiques, de rôles et de relations. La sexualité regroupe ainsi de nombreuses dimensions mais chaque personne ne ressent pas ou ne vit pas nécessairement chacune d'entre elles. La sexualité est influencée par l'interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels.” (6)
En 2013, avec la parution du DSM-V, l’asexualité est enfin abordée comme une orientation sexuelle et non une maladie mentale (13).
Pour autant, et bien que l’asexualité soit en cours d’intégration dans les programmes nationaux d’éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité destinés à être appliqués à la rentrée de Septembre 2025 (14), elle est encore méconnue des professionnel·le·s de santé. Il y a notamment une forte difficulté de conceptualisation et un manque de connaissance de la part des médecins généralistes, ainsi que l’absence d’expérience d’accueil des personnes asexuelles en tant que patient·e (15). Par ailleurs, il existe une forte insatisfaction des personnes asexuelles dans leur rapport avec les professionnel·le·s de santé. Seulement un quart des personnes interrogées ont pu aborder le sujet de leur asexualité et deux tiers d’entre eux déclarent ne pas être satisfait de cet échange. De plus, ils sont un tiers à vouloir aborder le sujet, un tiers à ne pas vouloir en parler avec un·e professionnel·le de santé et un tiers à ne pas savoir s’ils le souhaitent (16).
Encore aujourd’hui, l’hétérosexualité dans son hégémonie est considérée comme la norme. Ce concept est nommé hétéronormativité(17). Ce sont sur les spécificités de cette orientation sexuelle, en matière de sexualité et santé sexuelle, de contraception et de reproduction, qu’ est basé l’essentiel du savoir médical. A cela s’ajoute l’amatonormativité, concept développé par la philosophe américaine Elisabeth Brake et qui vient questionner la position des personnes asexuelles comme étant en dehors des normes de société. En effet, il s’agit de la croyance injonctive selon laquelle la relation hétéro, romantique, sexuelle, monogame et long terme est l’unique chemin de vie désirable et épanouissant (18).
Face à l’amatonormativité et l’hétéronormativité, les personnes asexuelles, leurs proches ainsi que les professionnel·le·s de santé sont tou·te·s empreint·e·s de stéréotypes qui viennent influencer leurs interactions, échanges et relations, et qui sont susceptibles d’impacter négativement la santé des personnes asexuelles (17-21).
Cette thèse a pour but d’analyser l’impact des constructions sociales concernant la sexualité sur la prise en charge médicale des personnes asexuelles et leur ressenti de cet impact. Il s’agit d’interroger les vécus des personnes asexuelles pour mieux comprendre l’insatisfaction qui se joue dans les échanges entre patient·e·s et professionnel·le·s de santé, a fortiori entre les patient·e·s et leur médecin généraliste.
Par ailleurs, cette thèse permettra d’explorer de manière globale le rapport qu’entretient une personne asexuelle entre son orientation sexuelle et sa santé, et l’impact de l’asexualité sur leur santé. Un certain nombre de champs vont être explorés, tous susceptibles d’impacter la santé de la personne interrogée.
Ainsi, nous chercherons, dans des entretiens semi-dirigés, les enjeux autour de l’identification à l’asexualité et les éventuelles expériences autour de ce processus d’identification en lien avec les professionnel·le·s de santé. Seront abordées de plus, les questions de santé sexuelle comprenant les sujets de la contraception, de prévention et jusqu’au désir de parentalité. Enfin, nous étudierons l’impact de l’amatonormativité sur les champs relationnel et affectif et les impacts sur la santé mentale de tous ces sujets.
C’est tous les parcours individuels et riches, qui produisent autant de besoins spécifiques au cours des relations entre patient·e·s et médecins et des patient·e·s envers leur santé, santé mentale, santé sexuelle, santé reproductive, qui se doivent d’être recherchés.
Afin de conceptualiser de manière pertinente les expériences et vécus des personnes asexuelles, nous analyserons les entretiens de manière binarisée pour accommoder l’impact des constructions sociales de genre en matière de sexualité. Une analyse sera menée sur les réponses des paticipant·es étant assigné·es femme à la naissance ou AFAB (Assigned Female At Birth) par Gaëlle Nuttin et une analyse sera menée sur les réponses des participant·es étant assigné·es homme à la naissance ou AMAB ( Assigned Male At Birth) par Capucine Yvenat.
Ainsi cette recherche permettra d’offrir des pistes pour l’amélioration de la compréhension des besoins spécifiques et individuels de la population asexuelle, ainsi que de contribuer à l’instauration d’une relation patient·e-médecin empathique de meilleure qualité.
1- Botbol M., Bourgain C., Merchant J., Vidal C.. Note annuelle 2014 du groupe "Genre et recherche en santé". 2014. ⟨inserm-02111013⟩. Disponible sur : https://inserm.hal.science/CEI/inserm-02111013
2 -Haute Autorité de Santé HAS. Sexe, genre et santé - Rapport d’analyse prospective 2020 [Internet]. Saint-Denis La Plaine; 2020. ISSN : 2645 – 9272. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/p_3223570/fr/sexe-genre-et-sante-rapport-…
3- Crips Île-de-France. Guide pour un meilleur accueil des minorités genrées, sexuelles et sexuées à destination des professionnel·le·s de santé : Pour une santé inclusive. Paris : Crips Île-de-France, 2021. Disponible : https://www.lecrips-idf.net/boite-outils/dossiers-thematiques/guide-lgb…
4 – Accueillir et accompagner les personnes transgenres. Avec Respect, sans préjugé. LRP Tome 40 n°438, Avril 2020, p 276-284
5- Transidenticlic. [En ligne][Lieu inconnu]. VANACKER C. ;[mise à jour le 14 mars 2023; cité le 03 avril 2025]. Disponible : https://transidenticlic.com/
6- Dhénain M. . Note de cadrage. Parcours de transition des personnes transgenres [internet]. Haute Autorité de Santé, septembre 2022. [cité le 03 avril 2025] Disponible :https://www.has-sante.fr/jcms/p_3367504/fr/parcours-de-transition-des-p…
7 - Bogaert A. Asexuality: Prevalence and associated factors in a national probability sample. J Sex Res. août 2004;41(3):279-87.
8 - Prause N, Graham C. Asexuality: classification and characterization. Arche Sex Behav. juin 2007;36(3):341-56.
9- Aicken RH C., Mercer H. C.et Cassell AJ. Who reports absence of sexual attraction in Britain? ? Evidence from national probability surveys, Psychology & Sexuality (2013) 4:2, 121-135, DOI: 10.1080/19419899.2013.774161
10- The Asexual Visibility and Education Network [En ligne]. [cité le 03 avril 2025] Disponible sur : https://www.asexuality.org/?q=about.html
11- AVEN-fr [En ligne]. [mise à jours le 04 décembre 2024,cité le 03/04/2025].Disponible sur : https://fr.asexuality.org/
12 - Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 3éme édition ( DSM III), American psychiatric association, Masson, 1983, p290-292
13 - Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5éme édition (DSM V), American psychiatric association, Elevier Masson, 2013, p334 et p 443
14 - Ministère de l’éducation national. Un programme ambitieux : éduquer à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité [En ligne]. Page 3 [cité le 03 avril 2025] Bulletin officiel n°6 du 6 février 2025. Disponible sur : https://www.education.gouv.fr/bo/2025/Hebdo6/MENE2503064A
15 - Giralt H. Analyse qualitative des concepts autour de l’asexualité auprès de médecins généralistes des Alpes-Maritimes.[Thèse de Doctorat]. Nice : Université de Nice, 2018 [ cité le 03 avril 2025] Disponible sur : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02507684/document
16 - Giralt H. Regard sur l’asexualité : parcours, représentations, santé et sexualité. mémoire en vue de l’obtention du DIU de sexologie; 2018
17 - Warner M., Introduction : Fear of a queer Planet. Minneapolis : University of Minessota Press, 1993. Social Text 9 (4-[29]) : 3-17
18 - Brake E., Minimizing Marriage. : Marriage, Morality, and the Law . USA : Oxford University Press : 2012. Chapitre 4.3.
19 - Gupta K. ,“And Now I’m Just Different, but There’s Nothing Actually Wrong With Me”: Asexual Marginalization and Resistance. Journal of Homosexuality, 64(8), 991–1013. 2016, Disponible sur : https://doi.org/10.1080/00918369.2016.1236590
20 -Hatzenbuehler M., Pachankis J., Stigma and Minority Stress as Social Determinants of Health Among Lesbian, Gay, Bisexual, and Transgender Youth: Research Evidence and Clinical Implications, Pediatric Clinics of North America,Volume 63, Issue 6,Pages 985-997,
2016, Disponible sur : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0031395516410552…
21 -Lech S, Köppe M, Berger M, Alonso-Perez E, Gellert P, Herrmann W, Buspavanich P. Depressive symptoms among individuals identifying as asexual: a cross-sectional study. Sci Rep. 2024 Jul 12;14(1):16120. Disponible sur : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38997430/
Données utilisées
Catégories de données utilisées
Source de données utilisées
Autre(s) source(s) de donnée(s) mobilisée(s)
Appariement entre les sources de données mobilisées
Variables sensibles utilisées
Justification du recours à cette(ces) variable(s) sensible(s)
l'âge des participant.es pour l'établissement d'un profil sociodémographique
Recours au numéro d'identification des professionnels de santé
Plateforme utilisée pour l'analyse des données
Acteurs finançant et participant à l'étude
Responsable(s) de traitement
Type de responsable de traitement 1
Responsable de traitement 1
Localisation du responsable de traitement 1
Représentant du responsable de traitement 1
Type de responsable de traitement 2
Responsable de traitement 2
Localisation du responsable de traitement 2
Le responsable de traitement est également responsable de mise en oeuvre
Responsable(s) de mise en oeuvre non cités comme responsable de traitement
Responsable de mise en oeuvre non cité comme responsable de traitement 1
Responsable de mise en oeuvre non cité comme responsable de traitement 2
Calendrier du projet
Base légale pour accéder aux données
Encadrement réglementaire
Durée de conservation aux fins du projet (en années)
5
Existence d'une prise de décision automatisée
Fondement juridique
Article 6 du RGPD (Licéité du traitement)
Article 9 du RGPD (Exception permettant de traiter des données de santé)
Transfert de données personnelles vers un pays hors UE
Droits des personnes
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